Le Moulin de Cheneux à Stavelot est à Vendre

Le Moulin de Cheneux à Stavelot est à Vendre

LE MOULIN AU CHENEUX

Meunier, tu dors ...

 

Décrire le Moulin de Cheneux à Stavelot, sans l'histoire des personnes qui l'ont peuplé, devient qu'une description d'un amas de pierres et de bois, entouré de verdure et les sons d'un proche ruisseau.


Mais pouvez-vous ramener parmi ces pierres et bois, les êtres qui, tandis que les meules tournaient, y faisaient la veille perpétuelle, et ceci pour que les meules ne surchauffent pas, et que les axes en bois ne prennent feu?

 

Une carte postale de 1893, du pont à l'entrée de la propriété, celui-ci, "à la frontière," détruit à la première guerre, et reconstruit au début du 20ième siècle comme nous le connaissons, nous inspire des pensées vers le passé. 

 

 

Pont sur l'eau rouge.jpg

 

Voici une deuxième. Ne donne-t'elle pas envie "dû djaser ôn p'tî moumîn " avec les gens qui l'animent?

 

"Pardon monsieur. Voudriez-vous me le dire : Où avez-vous trouvé votre couvre-tête?Vraiment, il me plait beaucoup."

Le jour de la photo, un avait décidé d'escalader le pied du pont pour assumer sa place statuesque. Mais celui qui l'avait aidé en le soulevant de ces deux bras : n'était-ce pas le fils du meunier, venu assister les visiteurs?

C'était quoi encore, son nom? 

 

 

 

Pont sur l'eau rouge - à la frontière - cropped.jpg

 

Qui faisait tourner la roue au cheneux?


L'Eau Rouge certainement.


Mais qui était l'être humain qui respirait en courant dans son travail, l'air rempli de poussières de farine, et entouré de toiles d'araignées devenues dentelles blanches dans son coin de paradis ?

 

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En 1861, Jean-Henri Dubois (27 auôt,1828 - 10 novembre,1910) vit au Moulin de Cheneux avec ses deux parents : Jean-Hubert Dubois et Marie-Catherine Hobben.

 

Jean-Henri DUBOIS (vend à Seffer).jpg

 

Et c'était bien lui qui ouvrait et fermait les vannes, et contrôlait autrefois, les arrivées d'eau dans le bief. 

 

Son grand-père, Henri-François Dubois, qui avait eu 7 enfants, et son arrière grand-père, Michel Dubois, étaient tous meuniers. Ce dernier, né avant 1705, est décédé à Cheneux en 1763. Le 7 janvier 1737 il épousa Jeanne Delecloz, née à Cheneux en 1708, et y décèdée en 1763, la même année que son époux.

 

Si le souriant Jean-Henri savait faire de la farine comme ses ancêtres lui avaient appris à la faire, il avait d'autres occupations préférées. Il aimait choisir des belles pierres dans l'Eau Rouge pour construire des murs. Il n'aimait pas l'élevage des poules, une drôle de petite coïncidence à noter par ceux qui connaissent l'histoire plus récente de la propriété.

 

En mars 1861, Jean-Henri acceuillit au "Moulin du Cheneux," Simon Seffer (Jean-Henri écrivait : "Seffere") et son épouse. Eux venaient de vendre leur moulin près de Saint-Vith, et étaient maintenant les nouveaux propriétaires et meuniers. Leurs fils et petit-fils seront les meuniers jusqu'à la fermeture du moulin. Et en fait, ce n'était pas à Saint-Vith, mais le Moulin de Ligneuville. Et là, l'histoire se mélange avec un certain Monsieur Howarden, qui n'était pas du tout monsieur ni meunier, et une connaissance très intime de Simon Seffer avant que Howarden ne décède en 1863 :  mais restons concentrés sur notre exposition actuelle.

 

Anticipant l'arrivée des Seffer, Jean-Henri avait préparé un petit discours que l'on voit ici, son écriture entourrée d'un médaillon de fleurs, et comme le moulin sait encore créer chaque printemps, sans faute :

 

Lettre de bienvenue pour le nouveau meunier en 1861 à Cheffose.jpg

 

Pour faciliter sa lecture, voici le texte de ses mots d'acceuil, et lu à haute voix j'imagine, ce jour de fin d'hiver aux bords de l'Eau Rouge :

 

"Installation

de la Famille Seffere,

au Moulin de Cheneux.

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Nous venons vous présenter ce bouquet

pour fêter votre installation au moulin du cheneux

que vous avez acheté; nous saisissons

cette occasion pour vous témoigner combien

nous sommes heureux de posséder définitive-

ment parmi nous un meunier dont la ré-

putation est d'être honnête homme, sa dame,

une bonne ménagère et ses enfants laborieux;

nous espérons que la providence bénira votre

travail, que habitants du cheneux, vous y

vivrez tranquillement et honorablement, et

que enfin vous réaliserez le proverbe, qui dit :

Ceux-là sont riches, qui ont des amis."

 

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La famille Seffer est arrivée aux bords de l'Eau Rouge avec plusieurs enfants, y compris une fille, Catherine, née en 1844. Donc, en 1861 elle avait 17 ans. Et Jean-Henri Dubois en avait 33.

En écoutant le discours de Jean-Henri ce jour au bord de l'Eau Rouge, accompagné par les bavardages du ruisseau, était-elle en mesure de prévoir sa destinée? Ils se sont épousés le 25 avril 1866, et ont eu onze enfants, dont neuf ont survécu : la première, Marie-Cathérine née en 1867, et le dernier, Julien en 1885 (devenu douanier). Julien est né trois ans avant le décès de sa maman Catherine, ceci le 15 février 1888, agée de 44 ans et 6 mois.

 

Dessin chevreuil - de la famille Dubois quand ils vivaient à Cheneux.jpg

Ce dessin des chevreuils dans l'Eau Rouge a été dessiné par Jean-Baptiste Dubois (né en 1872, quand il avait 20 ans, et avant le départ de la famille de Cheneux pour Vaux-Cherain).


Vers 1891, Jean-Henri Dubois et tous ses enfants quittèrent Cheneux-Stavelot pour Vaux-Cherain.

 

Voici Vaux-Cherain de nos jours, une petite collection d'anciennes fermettes sur la commune de Gouvy, plusieurs devenues "gîte rurale" :

 

Vaux-Cherain (Gouvy).jpg

 

Un déménagement de 37,6 Km, et qui à l'époque, semblait peut-être un exode au bout du monde. De leur ancienne habitation et les sons babillards de l'Eau Rouge, que des souvenirs.

 

Cette photo de Jean-Henri Dubois et sa famille date de 1903, devant leur nouvelle demeure :  

Jean-Henri DUBOIS entouré de sa famille.jpg

 

Bien après son départ du moulin, et après le décès de Catherine. Jean-Henri DUBOIS headshot.jpg

Un homme de 75 ans, entouré avec plaisir par sa déscendance, mais avec un visage souriant inaperçu  sur cette photo, et qui lui manquait certainement et assez souvent.

Il revint vivre seul à Binsta juste avant sa mort.   

 

Pourquoi les familles déménagent-ils de leur coin du monde?

Beaucoup de raisons bien sûr : une compromission politique par exemple, mais certaines de ces motivations rongent plus que d'autres, y compris le vide :  

 

Pourquoi les Dubois partis.jpg
L'épouse de Georges Dieudonné Wetz, le frère de mon grand-père Edouard, était Jeanne Dubois. Mais ça c'est complètement une autre histoire. Ou peut-être un autre chapitre.

 

JD edited 6.jpg

 

 

 

 

Jeanne Dubois et son Grand-père Jean Henri Dubois.jpg
 

Et cette Jeanne DUBOIS, a-t-elle vraiment l'air d'être une femme de 28 ans sur cette photo ?

En tout cas, il y a une forte ressemblance avec son grand-père!

 

Voici l'arbre généalogique de Jean Henri DUBOIS ...

 

Arbre de Jean Henri DUBOIS.jpg

 

Et voici la déscendance de son arrière grand-père, Michel DUBOIS.

 

Arbre  de Michel DUBOIS (ancêtre de Jean Henri Dubois).jpg

 

Mais la "Jeanne DUBOIS" qui avait épousé le frère de mon grand-père Edouard WETZ,

avait plutôt l'arbre généalogique suivant ...

 

Arbre de Jeanne Dubois (soeur d'Irma et Maria) - épouse de Georges Dieudonné WETZ.jpg

 

Donc, si cette "Jeanne ou Jeanette DUBOIS" est bien la soeur d'Irma, de Maria et de leurs frère, Antoine Alfred DUBOIS, ...

On pourrait commencer à croire qu'ils n'ont rien à voir avec la famille des meuniers du "Moulin au Cheneux" ! Aïe ! Mais ceux qui viennent après, créent souvent l'histoire "vraie et véridique" au fur et à mesure qu'ils avancent !

 

Voici peut-être tout ce que nous devons faire. Essayons une légère modification... Nous garderons la même photo, mais allons simplement changer l'inscription. Et maintenant, malgré la ressemblance étroite avec un homme qui n'a jamais été son grand-père, nous déclarons la vérité suivante : C'est une photo d'Irma DUBOIS. La soeur de Maria DUBOIS, et d'Antoine Alfred DUBOIS. Irma DUBOIS vers la fin de sa vie à 60 ans.

 

Thérèse Clémence Irma DUBOIS - et pas Jeannette.jpg

 

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Si vous êtes à la recherche d'exactitude historique, méfiez-vous mes chères soeurs et chers frères !
Si vous cherchez simplement à entendre une belle histoire, alors lisez la suite !

 

Quand j'étais petit et mon grand-père me parlait en wallon du moulin, il terminait souvent avec:

 

"Les DUBOIS, îl en êt plôveef â Stav-leu!"

(que je traduis): "Les Dubois, étaient aussi faciles à trouver que des gouttes de pluie à Stavelot."

 

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Les récits dans une famille, des motivations pour les actions prisent par les ancêtres deviennent bien sûr les légendes de la famille. Et les détails cueillis pour les inclure dans le bouquet de souvenirs à présenter, varient pas mal d'un conteur à l'autre :

 

 

Pourquoi les Dubois partis version 2.jpg

Voici ci-dessus (probablement) la bonne piste pour le(s) DUBOIS du moulin à Chefosse, ou si vous préférez, le Moulin au Cheneux comme le présentait Jean-Henri.

 

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"Construire des murs sans utilité ..."


N'est-ce pas un passe-temps devenu de plus en plus universel?


Et c'est le meunier qui dort ou est-ce nous, qui sommes maintenant la sentinelle endormie?

 

Jean-Henri Dubois quitta le moulin en 1862 pour vivre à Cheneux-Stavelot comme fermier, un métier qu'il n'a jamais réussi. Il perdit sa fortune parce que sa gestionnaire était partie trop tôt, et après il avait malheureusement pensé que cela suffisait, dêtre un homme honnête.

Après d'autres déménagements, il décède le 10 novembre 1910 à Binsta. Ceci en face d'où il avait vécu sa jeunesse et appris son métier, à l'autre côté de l'Eau Rouge, et un peu plus haut sur la colline.

 

Meunier tu dors ...

 

Mais j'ai su le trouver, notre meunier. Et il n'était pas dans son lit, il ne faisait que de somnoler dans le passé.

 

Avec un peu d'effort j'ai pu le réveiller, et sans trops le brusquer, ou du moins je l'espère.

 

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"Oui, mais ... les meuniers Seffer, ... et le "moulin du cheneux" : que deviennent-t'ils ?"

 

Ah ...,  mettons encore une dernière bûche sur le feu.

 

Puis-je remplir votre tasse de café juste un peu? Une dernière fois? Fond de la tasse?

 

Ou est maintenant venu le moment propice, pour vous offrir un petit pousse-café ... ?

 

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"Un certain Guillaume Apollinaire, n'était-il pas aussi mêlé à votre histoire des sœurs Dubois

au moulin?"

 

Ah! Vous parlez peut-être de ce monsieur né Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-Kostrowicki...? Un des deux fils dont la mère avait quitté la pension Constant sans payer leur facture. Vous parlez d'eux?

 

Kostrowicki coat of arms.jpg

les armoiries des Kostrowicki

 

Elle avait laissé une malle d'effets personnels disant qu'elle paierait sa facture quand elle reviendrait la chercher. Ils ne sont jamais revenus bien sûr. Les loisirs à Spa et son Casino avaient consommé trop de ressources pour payer la note de l'hôtelier. Et donc, en racontant l'histoire, mon grand-père a toujours changé leur nom (Kostrowicki) en le nom qui maintenait encore une certaine sonorité polonaise, mais en wallon de "Ka-rôo-vyî-skof" (= qui a oublié son coffre).

 

Maintenant cela est certainement une autre histoire. Encore une petite goute? Café ou d'autre?

 

Et en se rapprochant des armoires et des malles et des coffres, il devient clair à travers le récit qu'Apollinaire a trouvé sa muse dans une paire de sœurs Dubois à Stavelot, mais rien à voir avec celles du Mouiln au Cheneux. 

 

Mais ne laissez pas ce petit détail vous empêcher de changer l'histoire si vous en ressentez le besoin. 

 

Il aimait clairement ce nom de Marie (ou Marêye, "si douce, étourdie et charmante"). Maria Dubois à Stavelot, Marie Laurencin à Paris, peut-être d'autres Maries en plus si une autre pandémie (la grippe espagnole) n'avait pas mis fin à ses jours à 38 ans.

 

Puis-je vous servir un peu plus de café ?

 

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Un jour, les gens trouveront de vieilles photos dans un tiroir, une boîte ou un sac.

 

 

Et ce sera une photo de nous, faisant ce que font les gens dans nos vieilles photos.

 

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10/02/2014
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